Carrieres des Monts d'Arree, histoire et patrimoine
- christiantonelli
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Historique de l'ancienne carrière de Botcador dans les Monts d'Arrée

Botcador, hameau de la commune de Botmeur (Finistère, Bretagne), est niché au cœur des Monts d'Arrée, dans le Parc naturel régional d'Armorique. Son nom breton, signifiant "Résidence de la Chaise" ou "Chaise du Haut Lieu", évoque un site élevé et rocheux, idéal pour l'exploitation minière. L'ancienne carrière de Botcador, principalement dédiée à l'extraction de schiste ardoisier (utilisé pour produire des ardoises rustiques), s'inscrit dans le riche passé industriel de cette région granitique et schisteuse. Bien que les sources spécifiques à cette carrière soient fragmentaires – souvent mentionnée dans des contextes locaux ou touristiques plutôt que dans des monographies détaillées –, voici un aperçu de son histoire, reconstitué à partir de témoignages, archives et études régionales. Elle illustre l'essor et le déclin de l'ardoisière armoricaine.
1. Origines et développement précoce (XVIe-XVIIIe siècles)
L'exploitation du schiste dans les Monts d'Arrée remonte probablement au XVIe siècle, époque où l'ardoise bretonne commence à être utilisée pour la couverture des toits, d'abord pour les monuments religieux et les manoirs seigneuriaux. À Botcador, située sur les crêtes schisteuses près du lac Saint-Michel et du Yeun Elez, les filons de schiste de qualité (denses et peu fissurés) attirent les carriers locaux. Les méthodes sont alors artisanales : extraction manuelle à la pioche, transport à dos d'hommes ou par mules sur les sentiers escarpés. Des archives paroissiales et notariales de Botmeur mentionnent dès le XVIIe siècle des "tailleurs d'ardoises" (maen menez en breton) fournissant les villages environnants comme Brasparts ou Sizun. Cependant, l'activité reste modeste, limitée par l'isolement géographique et le climat rude des Monts d'Arrée, qui complique les traversées hivernales.
2. Essor au XIXe siècle : l'âge d'or des ardoisières
Le milieu du XIXe siècle marque le pic d'activité pour les carrières des Monts d'Arrée, dont celle de Botcador. À partir des années 1850, l'industrialisation bretonne et la demande croissante en matériaux de construction (toitures pour les fermes et les bourgs en expansion) boostent l'exploitation. Les archives départementales du Finistère notent une multiplication des concessions minières dans la région : à Commana et Sizun (voisines de Botmeur), une quinzaine de sites sont actifs, et Botcador s'y intègre comme un site complémentaire, spécialisé dans l'ardoise "rustique" – épaisse et irrégulière, prisée pour son aspect authentique.
Techniques et main-d'œuvre : Les carriers, souvent des paysans saisonniers (bergers ou tourbiers du Yeun Elez), extraient le schiste à ciel ouvert via des excavations en gradins. L'eau infiltrante est évacuée manuellement avec des barattes en bois. En 1896, sur Commana et Saint-Cadou (proches), une soixantaine de carriers sont recensés, représentant 6 % de la population active locale – un chiffre indicatif pour Botcador, où l'activité emploie probablement une vingtaine d'ouvriers. Les ardoises de Botcador, de teinte grise-verte typique du schiste armoricain, sont transportées par charrettes vers les foires de Morlaix ou Quimper, voire exportées vers le Léon et la Cornouaille.
Contexte économique : Cette période coïncide avec l'essor des foires aux bestiaux à Commana et l'extraction de granit parallèle. L'ardoise des Monts d'Arrée rayonne au-delà du Finistère, couvrant des édifices comme l'église de Botmeur ou des manoirs du Parc d'Armorique.
3. Apogée au début du XXe siècle et déclin progressif
Les années 1910-1920 voient l'apogée : en 1923, les carrières des Monts d'Arrée produisent 15 000 tonnes d'ardoises (soit 40 millions d'unités), avec Botcador contribuant via ses filons profonds. La Première Guerre mondiale interrompt temporairement l'activité, mais la reconstruction post-1918 relance la demande. Des innovations mineures apparaissent, comme des treuils à manivelle pour hisser les blocs, mais l'isolement persiste – pas de voie ferrée jusqu'aux crêtes.Le déclin s'amorce dans les années 1930-1950 : concurrence des ardoises industrielles du nord de la France (plus fines et bon marché), épuisement des filons accessibles, et mécanisation limitée par le relief. La Seconde Guerre mondiale ravive brièvement l'intérêt (besoin en matériaux pour les réparations), mais l'après-guerre accélère la fermeture de nombreux sites.
4. Fin d'exploitation et reconversion (depuis les années 1970)
Dans les années 1970, une quinzaine de carrières subsistent encore dans les Monts d'Arrée, mais Botcador, comme ses voisines, ferme progressivement face à la crise économique et aux normes environnementales naissantes. Les dernières extractions locales datent des années 1980-1990, avec des fermetures définitives autour de 2000 (ex. : ardoisière de Kérohant à Commana en 2000). Aujourd'hui, la carrière de Botcador est abandonnée, vestige industriel classé au patrimoine bâti du Parc d'Armorique. Les excavations, envahies par la végétation (ajoncs et fougères), attirent randonneurs et photographes pour leur vue sur le Mont Saint-Michel de Brasparts et le lac à l'Horizon. Des balades guidées (via l'Écomusée des Monts d'Arrée) y évoquent son histoire, et des initiatives locales (comme à la Ferme du Domaine de Shiva) la mettent en valeur comme site écologique.
Synthèse et héritage
La carrière de Botcador incarne l'histoire économique des Monts d'Arrée : d'une exploitation artisanale celtique-romaine (voies anciennes pour le transport) à un pic industriel modeste au XXe siècle, puis à un abandon lié à la modernité. Elle a fourni en matériaux durables (les toits en ardoise rustique perdurent sur les maisons de schiste locales) et marqué les mémoires ouvrières – des récits oraux parlent de carriers "noircis par la poussière" affrontant vents et pluies. Bien que peu documentée en détail (pas de monographie dédiée), elle s'inscrit dans le réseau des ardoisières de Commana-Sizun, avec un legs visible dans le paysage : crêtes scarifiées et hameaux comme Kernevez ou Roc'h ar C'Hezeg.
Récits et témoignages d'anciens ouvriers de la carrière de Botcador
Bien que les récits spécifiques et nominatifs sur les ouvriers de la carrière de Botcador soient rares (en raison de son échelle modeste et artisanale, et de son isolement dans les crêtes des Monts d'Arrée), il existe des témoignages oraux et écrits collectés sur les carriers des ardoisières environnantes – comme celles de Saint-Cadou (Sizun) ou Kérohant (Commana), à quelques kilomètres seulement.
Ces histoires, transmises via des enquêtes ethnographiques et des expositions patrimoniales, illustrent le quotidien rude des "maen menez" (tailleurs d'ardoise en breton) au XIXe et XXe siècles.
Botcador, exploitée pour son schiste rustique depuis le milieu du XIXe siècle, partageait ces conditions : extraction manuelle à ciel ouvert, vents violents, et un labeur saisonnier combiné à l'agriculture.
Voici un aperçu des plus emblématiques, issus de collectes comme celles de la Maison du Patrimoine de Locarn ou de l'Écomusée des Monts d'Arrée.
1. L'apprentissage précoce et la vie familiale : les enfants au carreau
Les carriers apprenaient le métier dès 10-11 ans, souvent en accompagnant leurs parents les jeudis ou en vacances. Un témoignage recueilli auprès d'anciens de Commana (proche de Botcador) décrit : "Les enfants allaient travailler là-dedans, ils avaient soit un père, soit un oncle, un cousin qui y bossait déjà. À Botcador, on marchait à pied depuis le bourg, dans la brume et le froid, sous la pluie et le vent, de jour comme de nuit." Les femmes participaient aussi, taillant les ardoises épaisses et irrégulières, typiques du schiste des Monts. Vers 1900, à Commana-Sizun, 400 ouvriers (dont une part significative de femmes et d'enfants) animaient 150 carrières ; Botcador en comptait une vingtaine d'ouvriers saisonniers, souvent paysans du hameau voisin.
2. Le labeur quotidien : extraction et camaraderie
À Saint-Cadou (Sizun, limitrophe de Botcador), un ancien carrier nommé Zon (pseudonyme pour anonymat) se souvient : "Mon père était fendeur à Kergonan, il me faisait la nounou les jeudis. J'ai commencé à 14 ans, à porter les blocs à dos d'homme, à vider l'eau avec des barattes en bois. Le vent des crêtes te fouettait, et la poussière te noircissait la peau."
Albert, un autre ouvrier des années 1950, évoque la double vie : "On avait 6 vaches et des poules à la maison. Le soir, j'aidais ma femme ; le matin, avant de partir pour la carrière, je trayais.
Mais il y avait la camaraderie : pour la Sainte-Barbe, on buvait un coup – pas trop ! – et on fêtait les naissances, mariages, ou même l'achat d'une voiture." Ces fêtes, avec kan ha diskan (chant alterné breton), scellaient les liens ; à Botcador, les abris en U ou igloo (visibles aujourd'hui) servaient de pauses contre les intempéries.
3. Les dangers et l'appréhension du fond : échelles et pannes
Bien que Botcador soit une carrière à ciel ouvert (gradins profonds mais exposés), les récits des sites voisins comme Kerrouec (dans les Monts) résonnent : Louis, descendu à -110 m pour la première fois, confie : "J'avais la peur au ventre. En cas de panne de courant, on remontait par les échelles – glissantes, dans le noir. À Botcador, c'était le sol traître des tourbières du Yeun Elez qui guettait, plus que les galeries."
Les méthodes restaient rudimentaires : pioche, burins, et wagonnets sur rails rouillés pour évacuer le schiste gris-vert. La seule "pause forcée" était la neige, qui bloquait les crêtes.
4. Le déclin et les souvenirs collectés : un patrimoine vivant
Dans les années 1970, une quinzaine de carrières subsistaient dans les Monts, dont Botcador ; en 1990, seules restaient celles des frères Rolland (Kérohant) et Pouliquen (Saint-Cadou). Victor, un ancien de la région, regrette : "On retournerait bien au carreau, à condition d'avoir à nouveau 14 ans !"
Ces témoignages, compilés dans Ardoise en Bretagne (Coop Breizh, 2008), soulignent la fierté d'un métier "pénible mais honnête", avec un rayonnement local : les ardoises de Botcador couvraient églises et manoirs du Léon. L'Écomusée des Monts d'Arrée à Commana organise des séances de partage, comme celle de mars 2024 autour des photos de Félix Le Garrec (1971), où des anciens de Sizun-Botmeur évoquent "le labeur extrêmement pénible" jusqu'en 2006.
Ces récits, ancrés dans l'oralité bretonne, montrent des ouvriers résilients face à un paysage hostile, mêlant survie et solidarité. Pour Botcador précisément, les archives (comme les pétitions de 1905 listant des "chiffonniers-cultivateurs") suggèrent des profils polyvalents, mais les collectes se concentrent sur le réseau élargi.

Localisation géographique et contexte
Position : Botcador (ou Bot Cador en breton, signifiant "Résidence de la Chaise" ou "Chaise du Haut Lieu") est un petit hameau situé dans les Monts d'Arrée, dans le Finistère (Bretagne). Il se trouve à l'ouest du bourg de Botmeur (code postal 29690) et à environ 6-7 km au sud-est de Sizun (29410). Les coordonnées approximatives sont 48.420°N, -3.950°E, près du Ménez Kador (384 m, sommet rocheux voisin) et du lac Saint-Michel.
Frontière communale : la ligne de partage communale (limite entre Botmeur et Sizun) traverse la zone. Le hameau principal et une partie sud-est de la carrière relèvent de Botmeur, mais la majeure partie des excavations de l’ancienne carrière (gradins ouest/nord-ouest) tombe sous Sizun, reflétant un chevauchement géologique et cadastral.
Accès : Accessible via la D785 (croisement Kroas Torret) et des sentiers comme le GR 37 ou des chemins ruraux (ex. : vers Balanec). L’isolement des crêtes, avec des landes d’ajoncs et des tourbières proches (Yeun Elez, à 2 km), rendait les déplacements difficiles avant les routes modernes.
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Toutes les photos sont prises par mes soins et sont donc ma propriété. Vous pouvez me les demander si nécessaire.
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